Nina Wilen revient sur le "cauchemard logistique" qu'a été le retrait en 6 mois de la MINUSMA au Mali
Transport du matériels livrés par l’hélicoptère de la MINUSMA à la base temporaire opérationnelle (TOB). Photo: MINUSMA/Harandane Dicko

Le 16 juin 2023, les autorités de transition maliennes ont exigé le retrait immédiat de la MINUSMA, la mission de paix de l’ONU déployée depuis 10 ans au Mali. Cette requête, aussi soudaine qu’inattendue, émanant d’un régime militaire non élu, constitue un épisode rare et marquant dans l’histoire des opérations de maintien de la paix de l’ONU.

Le Conseil de sécurité a adopté dans la foulée la Résolution 2690, entérinant la fin de la mission avec un retrait complet prévu pour le 31 décembre 2023, soit dans un délai exceptionnellement court de six mois. Dans un contexte de dégradation sécuritaire et de tensions politiques croissantes entre les autorités maliennes et la mission, ce retrait a représenté un défi logistique sans précédent.  

Leçon à tirer de ce retrait

L’étude analyse les enjeux de ce retrait à travers des entretiens menés à Bamako, Paris et Bruxelles, ainsi qu’une revue de documents onusiens et académiques. Elle revient d’abord sur le cadre réglementaire du désengagement onusien, puis sur la dégradation des relations entre la MINUSMA et le gouvernement malien, avant de détailler les difficultés du retrait.

« L’absence de préavis, les contraintes géographiques et l’insécurité ont transformé ce retrait en ‘cauchemar logistique’ ».

L’absence de préavis, les contraintes géographiques et l’insécurité ont transformé ce retrait en « cauchemar logistique ». De nombreuses directives de l’ONU n’ont pu être suivies, menant à l’abandon ou à la destruction d’équipements. Malgré les difficultés majeures rencontrées, ce retrait parachevé sans pertes humaines et dans des conditions extrêmes, constitue un enseignement précieux pour l’avenir des missions de paix onusiennes. 

Ce rapport publié par le GRIP dans le cadre de l’Observatoire Boutros-Ghali vous est proposé par Nina Wilén. Elle est directrice du programme Afrique pour les relations internationales à l’Institut Egmont et professeure associée au Département de sciences politiques à l’université de Lund en Suède. Elle est également Global Fellow au Peace Research Institute à Oslo (PRIO) et Collaboratrice Scientifique auprès d’ULB. Auparavant, elle a occupé des postes à l’Université d’Anvers et à l’Académie royale militaire de Belgique.