Alors que le président Trump accuse le Mexique d’inonder les États-Unis de migrants et d’opioïdes, et qu’il menace d’imposer à ce pays de lourdes taxes douanières et qu’il évoque même une intervention militaire, un autre flux, en sens inverse, semble largement pris à la légère par Washington : le « fleuve d’acier » ou ces centaines d’armes qui, chaque jour, traversent illégalement la frontière méridionale des États-Unis. Leurs principaux destinataires sont les gangs du Mexique et d’Amérique centrale, où les taux de criminalité, en particulier d’homicides, sont parmi les plus élevés au monde.
« Parmi les principaux facteurs, il y a l’offre pléthorique aux États-Unis où la production d’armes est en très forte croissance »
Ce nouveau rapport du GRIP entend d’abord faire le point sur l’évolution des flux d’armements illégaux parvenant principalement aux milieux criminels du Mexique depuis la frontière nord. Il revient ensuite sur les conséquences directes de ces flux, en particulier le taux d’homicides extrêmement élevé de ce pays. Enfin, il se penche sur les facteurs qui favorisent une telle situation : une très forte demande parmi des gangs nombreux et de mieux en mieux armés, une offre pléthorique aux États-Unis où la production d’armes à feu est en très forte croissance, une frontière entre les deux pays longue et où le contrôle des drogues et des migrants semble prendre le pas sur celui des armes, et une lutte contre les trafics minée par des affaires de corruption et la collusion entre les cartels et les responsables de la sécurité.
Responsabilités américaines dans ces trafics
Le dernier chapitre décrit les mesures et initiatives prises ces dernières années par les autorités mexicaines afin de combattre les trafics et la prolifération d’armes : la coopération bilatérale, mais souvent agitée, avec les États-Unis, la plainte en justice déposée contre des producteurs et vendeurs d’armes étatsuniens, la stratégie sécuritaire du gouvernement de la nouvelle présidente, Claudia Sheinbaum Pardo, et les collectes volontaires d’armes auprès de la population.
Dans sa conclusion, Georges Berghezan, chercheur associé au GRIP, rappelle les responsabilités essentielles des États-Unis, non seulement dans les trafics d’armes affectant le Mexique, mais aussi dans les flux de drogue et de migrants aboutissant sur leur propre territoire. Il s’interroge également sur les signaux contradictoires envoyés par l’administration Trump au gouvernement mexicain en matière de lutte contre les trafics.