La poussée meurtrière de Boko Haram, dans les zones transfrontalières des pays riverains du Nigeria, s’inscrit dans des dynamiques antérieures de dégradation de la situation sécuritaire. Dans ces zones excentrées et en déshérence, la marginalisation économique et le désinvestissement des États, ont conduit progressivement à l’enracinement et au développement de certaines activités illicites,  ainsi qu’à des formes de violence dont le terrorisme n’est qu’une des variantes récentes. Aux effets du sous-développement et de la pauvreté, à l’insuffisance de l’analyse et aux contraintes politiques et économiques internes, ont succédé des réponses prioritairement sécuritaires, au Nigeria d’abord, et ensuite dans l’Extrême-Nord du Cameroun. L’impact de ces mesures reste aléatoire, sans que l’on observe pour autant, à court terme,un infléchissement des activités des groupes criminels dont la trajectoire transcende les limites frontalières des États. Les actions de Boko Haram bousculent les dispositifs de défense et de sécurité des pays de la région, et les appellent au renouvellement de leurs doctrines en matière de prévention, de gestion des risques et menaces, dont les menaces terroristes…