Depuis avril 2023, le Soudan est, à nouveau, le théâtre d’une guerre voyant s’affronter deux groupes armés dotés de moyens considérables : les Forces de soutien rapide (Rapid Support Forces – RSF) commandées par le général Mohamed Hamdan Dagalo, dit « Hemedti » et les Forces armées soudanaises (Sudanese Armed Forces – SAF) placées sous les ordres du président actuel, le général Fattah al-Burhane. Cette situation a déclenché une crise humanitaire aux conséquences désastreuses pour la population soudanaise. Malgré les efforts et avertissements des Nations unies, d’organisations non gouvernementales (ONG) et d’autres acteurs présents sur le terrain, l’aide humanitaire peine à atteindre les populations dans le besoin pour des raisons diverses que cet éclairage entend justement exposer. Le 15 avril 2023 marque le début des combats opposant les RSF et les SAF. Les conflits touchent d’abord Khartoum, la capitale du pays, qui se trouve assiégée par les RSF. Ces dernières mettent alors la main sur de nombreux bâtiments stratégiques (banques, usines, bureaux, studios de télécommunication, etc.) . Depuis, le conflit s’est étendu à la quasi-entièreté du territoire du Soudan . Les violences ont engendré une des pires crises humanitaires actuelles selon l’Organisation des Nations unies (ONU), avec plus de 8,8 millions de déplacés en interne et 3,3 millions de réfugiés dans les pays limitrophes . Plus de 15 000 personnes ont perdu la vie et l’ONU estime à 25 millions le nombre d’individus face à un besoin urgent d’aide humanitaire, ce qui équivaut à près de la moitié de la population du pays . En août 2024, le Programme alimentaire mondial (PAM) a dû faire face à une situation de famine au sein du camp de Zamzam dans le Nord Darfour, où un demi-million de personnes sont réfugiées . Treize autres zones sont à risque aigu de famine, principalement au sud et à l’ouest du pays, soit les régions les plus impactées par le conflit . Les besoins immédiats sont variés : alimentaires, médicaux, sanitaires, etc.
Malgré l’urgence humanitaire, plusieurs obstacles entravent l’acheminement de l’aide. L’objet de cet Éclairage est précisément de les identifier en procédant en trois étapes. La première aborde les obstructions à l’aide humanitaire par les parties belligérantes (1). La seconde étape traite des défis climatiques compliquant la situation humanitaire du pays (2). La troisième et dernière étape met en lumière le manque de visibilité internationale dont souffre ce conflit et ses conséquences sur l’approvisionnement humanitaire au Soudan (3).