Panorama du trafic de cocaïne en Afrique de l’Ouest

Au cours de la dernière décennie, le trafic de cocaïne s’est imposé comme une activité illicite majeure en Afrique de l’Ouest. Son potentiel déstabilisateur a été illustré récemment par les évènements du Mali et de Guinée-Bissau. Cet impact est dû à l’implication de hauts gradés des forces de sécurité, de représentants des élites dirigeantes, de groupes armés, à visée politique ou purement criminelle. Tous ces acteurs sont connectés, directement ou indirectement, à une armada de trafiquants « professionnels » camouflés en opérateurs économiques.

Après être arrivée, par air ou par mer, d’Amérique du Sud, la plus grosse partie de la cocaïne quitte rapidement l’Afrique de l’Ouest pour l’Europe, où le nombre d’usagers de cette substance est en hausse continue.

Afin d’esquiver les contrôles, les trafiquants ne cessent de varier leurs itinéraires et méthodes de transport. Longtemps le « privilège » des États côtiers, le transit de cocaïne s’est développé, à partir de 2009, dans les pays enclavés du Sahel, en particulier le Mali, où se conjuguent des immensités désertiques difficiles à surveiller, des pouvoirs centraux faibles et corrompus, et une floraison de groupes armés en quête de revenus pour s’armer et contrôler des territoires plus étendus. Dans ce contexte, la désagrégation de l’État libyen profite aux trafiquants, qui non seulement se voient gratifiés d’immenses stocks d’armes à prix réduits, mais aussi de la suppression des stricts contrôles que le régime précédent exerçait sur son flanc saharien.

Cette étude aborde les principaux événements liés au trafic de cocaïne dans les quinze États membres de la CEDEAO, ainsi qu’en Mauritanie, et offre un aperçu des principales initiatives régionales lancées pour combattre les trafics transfrontaliers de stupéfiants. Elle analyse enfin les effets du trafic de cocaïne sur le développement des sociétés ouest-africaines et évoque quelques défis auxquels est confrontée la lutte contre cette forme de criminalité.