Panorama du trafic de cocaïne en Afrique de l’Ouest

Au cours de la dernière décennie, le trafic de cocaïne s’est imposé comme une activité illicite majeure en Afrique de l’Ouest. Son potentiel déstabilisateur a été illustré récemment par les évènements du Mali et de Guinée-Bissau. Cet impact est dû à l’implication de hauts gradés des forces de sécurité, de représentants des élites dirigeantes, de groupes armés, à visée politique ou purement criminelle. Tous ces acteurs sont connectés, directement ou indirectement, à une armada de trafiquants « professionnels » camouflés en opérateurs économiques.

Après être arrivée, par air ou par mer, d’Amérique du Sud, la plus grosse partie de la cocaïne quitte rapidement l’Afrique de l’Ouest pour l’Europe, où le nombre d’usagers de cette substance est en hausse continue.

Afin d’esquiver les contrôles, les trafiquants ne cessent de varier leurs itinéraires et méthodes de transport. Longtemps le « privilège » des États côtiers, le transit de cocaïne s’est développé, à partir de 2009, dans les pays enclavés du Sahel, en particulier le Mali, où se conjuguent des immensités désertiques difficiles à surveiller, des pouvoirs centraux faibles et corrompus, et une floraison de groupes armés en quête de revenus pour s’armer et contrôler des territoires plus étendus. Dans ce contexte, la désagrégation de l’État libyen profite aux trafiquants, qui non seulement se voient gratifiés d’immenses stocks d’armes à prix réduits, mais aussi de la suppression des stricts contrôles que le régime précédent exerçait sur son flanc saharien.

Cette étude aborde les principaux événements liés au trafic de cocaïne dans les quinze États membres de la CEDEAO, ainsi qu’en Mauritanie, et offre un aperçu des principales initiatives régionales lancées pour combattre les trafics transfrontaliers de stupéfiants. Elle analyse enfin les effets du trafic de cocaïne sur le développement des sociétés ouest-africaines et évoque quelques défis auxquels est confrontée la lutte contre cette forme de criminalité.

 

Plus de publications

Georges Berghezan était chercheur de 2000 à 2022.Après avoir travaillé au GRIP durant les années 1980, Georges Berghezan y est revenu au début des années 2000. Il concentre depuis ses activités sur les nombreux conflits « post-guerre froide », particulièrement en Afrique subsaharienne, et sur les outils servant à les mener, les armes légères et de petit calibre, dont l’utilisation et les transferts commencent seulement à être quelque peu réglementés. C’est donc autour de ces deux problématiques – Afrique et armes légères – que Georges Berghezan menait la plupart de ses activités.