Une tendance récente dans l’historiographie européenne tend à décrire l’Europe du XXe siècle comme le « continent des ténèbres » qui a, selon Hobsbawm, « vécu et pensé en termes de guerre mondiale, même lorsque les armes se taisaient et que les bombes n’explosaient pas ». Toutefois, cette interprétation tragique et violente de notre histoire cache des rêves de paix et de liberté – portés par des hommes comme Henri Lafontaine et d’autres – qui ont fortement influencé notre histoire. Même si une évaluation réaliste de l’histoire européenne suggère que les mouvements de paix n’ont jamais été en mesure d’arrêter ou empêcher les guerres, ils sont une partie essentielle du processus par lequel les paradigmes et les stratégies de politique étrangère finissent par changer et compter. Cet article montre que, si les pacifistes peuvent être frustrés dans la poursuite d’objectifs politiques à court terme, ils sont essentiels pour influencer le changement social sur le long terme.