Portrait des forces armées russes et ukrainiennes (Sud Info / La Meuse)

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Portrait des forces armées russes et ukrainiennes (Sud Info / La Meuse)
Crédit Photo : SudInfo - Quel est l’arsenal détenu par la Russie? L’armée ukrainienne pourrait-elle faire le poids? «Elle peut infliger des dommages sévères»
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22/02/2022 14:50 - 14:50
Yannick Quéau, directeur du GRIP, a été interviewé par Yannick Hallet (Sud Info), pour "dresser le portrait des forces en présence" dans le conflit entre la Russie et l'Ukraine.
L'article s'intitule : "Quel est l’arsenal détenu par la Russie? L’armée ukrainienne pourrait-elle faire le poids? «Elle peut infliger des dommages sévères»". Le même article a également été publié dans La Meuse (article payant), sous le titre "Que vaut vraiment l'armée russe face à l'Ukraine?" (Les articles sont réservés aux abonnés).
Retrouvez ci-dessous l'analyse de Yannick Quéau 

Que vaut vraiment l’armée russe face à l’Ukraine?

Le Directeur du Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité, Yannick Queau dresse le portrait des forces en présence.

Selon le centre de recherches britannique IISS, l’armée ukrainienne compte 1.100.000 soldats dont 200.000 sont actifs et 900.000 de réserve. Ces chiffres sont respectivement de 2.900.000 (900.000+2.000.000) pour la Russie. Au niveau de la puissance aérienne, il n’y a pas photo: 98 avions contre 1.511, idem pour les chars 2.596/12.240.

Ça, c’est sur le papier. Mais que vaut exactement l’armée russe? Yannick Queau, directeur du Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité, nous dresse son portrait: «C’est l’une des meilleures armées du monde en termes d’équipements et de préparation des soldats. Ils ont pu se former sur le terrain à travers les conflits en Tchétchénie, en Syrie, en Géorgie et en Ukraine. Ils ont la capacité de déployer des forces à leurs frontières mais aussi plus loin».

La Russie surpuissante? Yannick Quéau met un bémol dans son portrait: «Ce pays revient de loin. Il compte un important héritage du passé avec du matériel vieillissant, voire obsolète. D’un autre côté, il dispose d’éléments très qualitatifs comparables avec ce qui se fait dans les États les plus avancés. Il n’a toutefois pas les reins économiques assez solides pour généraliser ces pratiques. Pour ce qui est de l’aspect cyber, les hackers russes font ce qu’il y a de mieux, même s’ils ont bon dos et qu’on leur attribue parfois des attaques qu’ils n’ont pas commises».

Face à Moscou, Kiev n’a pas du tout les mêmes ambitions militaires, ni les mêmes capacités d’achat. «Le différentiel est extrêmement favorable à la Russie. Elle peut infliger des dommages sévères à l’armée ukrainienne», indique Yannick Queau. Il y a toutefois un «mais» et il est de taille.

«Il faut voir les forces qui sont mobilisables à un instant T en fonction d’objectifs ciblés. On ne connaît pas pour l’instant les objectifs ciblés pour l’armée russe. Si elle a les moyens pour sécuriser les deux républiques indépendantistes, il n’en va pas forcément de même pour envahir le reste de l’Ukraine. C’est un tout autre défi, surtout s’il s’agit ensuite de tenir ce territoire immense dans un climat insurrectionnel. Quelque 150.000 soldats ne sont pas alors suffisants. On a vu ce qui s’est passé en Afghanistan avec les Soviétiques, puis les Américains. Il y aura le coût, notamment politique, de l’occupation. Il faut aussi l’appui de sa propre population», conclut le spécialiste du Grip.

(Yannick Hallet, Sud Info)