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Est de la RDC : inflation des prix du cacao, émergence des réseaux de contrebande et de criminalité

Crédit photo : Fèves de cacao de Isai Symens

Ce rapport essaie d’expliquer dans quelle mesure l’essor de la filière de cacao en République Démocratique du Congo (RDC) et la flambée des cours sur le marché mondial ont non seulement entraîné la montée de la contrebande, mais aussi la flambée des attaques meurtrières contre les exploitants de cacao à l’est du pays. En effet, sur le marché mondial, à partir du second semestre
de 2023, les cours du cacao ont pris l’ascenseur, la tonne est passée en douze mois de 3000 à 12 000 dollars américains.

Sur le marché local, singulièrement à l’est de la RDC, les prix de cacao par kilogramme, sont passés de 1,5 dollar américain en 2015 à 8,5 dollars américains au premier semestre 2024 avant de dégringoler entre 4 et 4,5 dollars américains. Cependant, la majeure partie de la production congolaise de cacao à l’est du pays est exportée par des réseaux de contrebande qui alimentent des attaques meurtrières contre ses cultivateurs.

« La majeure partie de la production de cacao à l’est du pays est exportée par des réseaux de contrebande qui alimentent des attaques meurtrières contre ses cultivateurs « 

Le pic de ces violences survient souvent durant les saisons de récoltes pendant lesquelles les groupes armés mènent des attaques pour contraindre les producteurs de cacao à leur abandonner les champs, sous peine d’être massacrés. Les modes opératoires utilisés se sont longtemps apparentés à ceux des ADF (Allied Democratic Forces), un mouvement islamiste qui a fait allégeance à l’organisation Etat islamique en 2019 et dont les dirigeants ont fait l’objet d’une série de sanctions internationales.

Cependant, lors de notre recherche, nous avons constaté que de nombreuses attaques survenues au cours de ces dernières années visant les exploitants du cacao n’ont pas été l’œuvre des seules ADF. La plupart d’entre elles sont attribuées à d’autres réseaux de criminalité locaux.

Cette dynamique aurait entravé l’accès aux organismes de certification de l’Union Européenne (UE) qui évalue, dans le cadre de la politique « zéro déforestation », si la culture de cacao et d’autres produits n’a pas contribué à la déforestation. Faute de certification, le cacao congolais court le risque d’exclusion sur les marchés européens, ce qui pourrait constituer un manque à
gagner énorme pour ce pays.

Crédit photo : Fèves de cacao de Isai Symens

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