Copernicus Sentinel-6 carries a radar altimeter to observe changes in sea-surface topography with centimetre precision, ESA – P. Carril, CC BY-SA IGO 3.0, via Wikimédia Commons.

Copernicus, anciennement GMES pour Global Monitoring for Environnement and Security, est un programme d’observation de la Terre chapeauté par la Commission européenne en partenariat avec l’Agence spatiale européenne (European Space Agency – ESA). Il s’agit de l’un des deux premiers programmes spatiaux nés dans le cadre de l’agenda communautaire de l’Union européenne (UE), avec Galileo, le programme de navigation par satellite européen. Tout comme Galileo, Copernicus est rapidement défini dans les textes institutionnels européens comme un « système civil sous contrôle civil », sans que ce principe n’écarte son « potentiel dual », c’est-à-dire le potentiel tant civil que militaire des technologies impliquées et des usages projetés. Ce domaine de double usage permet à l’UE de prendre pied dans des sphères militarisées en dépit de l’absence de mandats politiques et juridiques clairs. Ce procédé n’est, pour autant, pas forcément prémédité, du moins pas dans le cas du programme GMES/Copernicus. Ce dernier est initialement largement porté par une communauté d’ingénieurs et de scientifiques et d’abord orienté vers des applications environnementales, avant de se rallier à l’option d’élargir le spectre de ses missions vers des applications ouvertement militaires.

Cette Note d’analyse démontre deux choses. Premièrement, que la dimension civilo-sécuritaire ou civilo-militaire d’un programme spatial ne tient pas seulement aux caractéristiques duales des technologies spatiales, mais qu’elle émane d’un processus institutionnel exploitant les ambigüités capacitaires pour promouvoir des intérêts politiques. Deuxièmement, que l’UE a développé un mode opératoire qui consiste à élargir ses mandats politiques dans la sphère sécuritaire et militaire à partir des capacités techniques déjà existantes.

Le texte procède en deux étapes. La première revient sur les prémices du projet GMES à l’origine imaginé par les acteurs européens de la télédétection spatiale comme un programme de haute technologie pouvant répondre à des enjeux de « sécurité environnementale », un concept alors émergent et mal défini qui ne convainc pas l’UE. La seconde étape illustre le glissement sémantique qui s’est établi au tournant des années 2000 pour réorienter le programme vers des missions de hard security accompagnant et renforçant ainsi la tendance de l’UE à s’arroger de nouveaux mandats en matière de défense. En conclusion, le texte revient sur ses objectifs didactiques.

Crédit photo : Copernicus Sentinel-6 carries a radar altimeter to observe changes in sea-surface topography with centimetre precision, ESA – P. Carril, CC BY-SA IGO 3.0, via Wikimédia Commons.