Le 6 avril 1992, la guerre éclatait en Bosnie-Herzégovine, république souvent considérée comme une « mini-Yougoslavie » en raison de la diversité de ses peuples. Un quart de siècle plus tard, le présent rapport se propose de revenir sur les dynamiques qui ont déclenché ce conflit meurtrier et sur le déroulement de celui-ci. Ensuite, sous le prisme de l’accord qui mit fin à la guerre, il analyse les principaux problèmes et défis auxquels est confrontée la population bosnienne, toujours marquée par la persistance de clivages nationaux. À l’opposé des réductions manichéennes qui n’ont entraîné que confusion dans l’opinion publique et surenchère parmi les protagonistes, l’auteur a choisi une mise en perspective des faits afin de livrer une lecture cohérente d’un conflit dont les ressorts ont loin d’avoir disparu.
Sans nier les responsabilités criminelles et les fuites en avant des acteurs locaux, l’auteur met également en lumière le rôle de la « communauté internationale » dans le déclenchement et la prolongation du conflit, ainsi que dans les difficultés vécues actuellement par la Bosnie-Herzégovine : aspirations diamétralement opposées de ses peuples, stagnation économique et déclin démographique, institutions dont le fonctionnement ne permet pas l’émergence d’un État cohérent, tutelle d’un « Haut représentant » aiguisant l’irresponsabilité des dirigeants locaux et les démagogies communautaristes.
En effet, l’arrêt de la guerre, l’instauration d’un environnement relativement sûr et le châtiment de nombreux criminels de guerre sont loin d’avoir suffi pour instaurer une réelle réconciliation intercommunautaire et entraîner un redressement économique et social. Sans donner de réponse sur mesure, la présente étude tente de fournir des pistes pouvant guider une réflexion sur l’avenir de cette petite république.
Georges Berghezan était chercheur de 2000 à 2022.Après avoir travaillé au GRIP durant les années 1980, Georges Berghezan y est revenu au début des années 2000. Il concentre depuis ses activités sur les nombreux conflits « post-guerre froide », particulièrement en Afrique subsaharienne, et sur les outils servant à les mener, les armes légères et de petit calibre, dont l’utilisation et les transferts commencent seulement à être quelque peu réglementés. C’est donc autour de ces deux problématiques – Afrique et armes légères – que Georges Berghezan menait la plupart de ses activités.